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Publié par Philippe LENOIR

Daniel Darc, l'ange exterminé de la pop parisienne

En plein cœur de l'été, Daniel Darc se rappelle aux meilleurs souvenirs d'une certaine idée de la poésie rock avec la sortie au cinéma le 24 juillet d'un documentaire à sa mémoire intitulé Pieces of my life. On aurait préféré un titre en français, car l'artiste fut avant tout un grand songwriter, un auteur de chansons qui sentent le bitume du nord de Paris, de Barbès, de Pigalle, mais aussi une certaine idée du Paname des punks des Halles à l'âge d'or du Palace des années 80. Déjà six ans que l'artiste maudit est décédé d'un œdème pulmonaire à l'âge de 53 ans après une vie marquée par les excès, la détresse, la mort et Dieu. Pour l'instant, Daniel Darc a acquis le privilège d'un documentaire au cinéma, mais il ne serait pas étonnant qu'une fiction sur grand écran voit le jour, car son existence possède tous les atours romanesques d'une vie consumée par la musique, la drogue et des sentiments à fleur de peau. Comme il le disait lui-même dans une de ses chansons : « j'irai au paradis, car c'est en enfer que j'ai passé ma vie. » 

Taxi Girl

Taxi Girl

Tout démarre sur le plan artistique à la fin des années 70 quand Daniel Darc, dandy punk des Halles, devient le chanteur de Taxi Girl, un groupe qui lance en France la pop synthétique inspirée des allemands de Kraftwerk. Le groupe sort illico un tube emblématique de style cold wave intitulé Cherchez le garçon. Une chanson qui va marquer toute une génération et ouvrir les portes du succès à des artistes biberonnés à la musique de David Bowie et du Velvet Underground comme Marquis de Sade, Indochine, Étienne Daho et Jacno.

Très vite, le succès brise le groupe qui se réduit au duo Daniel Darc et Mirwais, futur producteur de Madonna. Un autre hit marquera le groupe, un hymne pop léger aux paroles tristes intitulé Aussi belle qu'une balle. Une merveille à redécouvrir illico. Déjà Daniel Darc se distingue par un état quasi suicidaire marqué par un concert mythique au Palace en première partie de Talking Heads. Le chanteur s'ouvre les veines sur scène pour asperger le public de son sang. Il dira plus tard qu'il pensait mourir ce soir-là et était surpris qu'on lui parle toujours de cet épisode scénique qui le place en punk ultime au côté de sa majesté Iggy Pop.

Après la fin de Taxi Girl, Daniel Darc entame une carrière solo où il fait toujours preuve d'un nihilisme poétique d'une grande sensibilité dont on retient un disque produit par Jacno, intitulé Sous influence divine et un duo magique avec Étienne Daho sur la chanson La Ville. Mais Darc devient Dark sombrant dans le syndrome Johnny Thunders (guitariste des New York Dolls) du rocker junkie à la limite de la clochardisation. Les années 90 seront donc un véritable purgatoire pour l'artiste qui semble perdu pour la musique malgré des tentatives ambitieuses, mais dénuées d'atouts commerciaux.

Avant un retour en grâce inespéré en 2004 avec l'album Crève-cœur qui révèle à nouveau le talent de Daniel Darc, dans une veine où le rock, la pop et la chanson fusionnent dans un style qui marque sa déférence à Bashung, à Daho, à Gainsbourg... Trois autres albums aussi réussis suivront pour confirmer que Daniel Darc était un artiste majeur de la chanson française. Avec de vraies pépites douces et tristes telles que La pluie tombe, Je me souviens, je me rappelle, C'est moi le printemps... Des chansons intemporelles, interprétées par un Daniel Darc à la voix divinement claire, qui semblait apaisé, ayant trouvé dans le message d'amour du Christ, un réconfort sincère.

Cette recherche spirituelle lui avait même permis de nouer un bel amour, lui qui l'avait cherché toute sa vie en vain. Malgré tout, les excès du passé l'ont rattrapé. Le corps usé, Daniel Darc a été retrouvé mort dans son appartement alors qu'il jubilait, quelques jours avant, d'écrire des chansons et de partir sur les routes pour monter sur scène. Mais quelque chose nous dit que Daniel Darc n'a pas fini de nous hanter et que son souvenir se perpétuera encore longtemps pour tous ceux qui sont épris de nobles sentiments, de belles mélodies et de tourments romantiques.

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